1. Bio
Musicienne et chanteuse de fado, elle est l’une des révélations les plus récentes et les plus appréciées du moment. Diplômée du Conservatoire (piano), elle commence sa carrière presque par hasard : lors d’un festival local, son interprétation est si intense qu’une personne du public la filme et envoie l’enregistrement à une chaîne de télévision. La chaîne la contacte pour lui proposer de participer au 2e Grand prix national de fado de RTP1, qu’elle remporte. À partir de là, elle commence à se produire dans les maisons de fado et dans les principaux festivals portugais. Le fado devient sa profession. En 2020, elle fonde le quatuor Amara, le premier quatuor de fado féminin de l’histoire du Portugal.
2. LA FORCE D’UN RÊVE
Petite, je n’avais pas de rêve en particulier, à l’époque j’essayais surtout de survivre aux intimidations à l’école. C’est ainsi que j’ai décidé d’entrer au conservatoire : j’avais tellement perdu confiance en moi que j’avais cessé d’exprimer mes émotions et j’avais au moins besoin d’un instrument pour partager ce que je ressentais. Avec le recul, je rêvais peut-être de retrouver le courage de parler, d’être en public. De ce point de vue, la force de ce rêve a été plus grande encore que ma prise de conscience. Je chantais pour satisfaire ce besoin désespéré de m’exprimer, sans penser à une quelconque carrière de chanteuse.
3. À LA DÉCOUVERTE DE LA VRAIE BEAUTÉ
C’est un chemin que je parcours chaque fois que je chante. On sent d’extraordinaires vibrations dans l’air quand les gens ouvrent leur cœur aux émotions, on peut presque les toucher. Et c’est encore plus intense lorsque ces émotions partent d’une l’histoire de souffrance. C’est un chemin de guérison que je connais et que je revois lorsque les histoires que je chante se recoupent avec la vie de quelqu’un. C’est cathartique, c’est libérateur, et cela nous apprend que même la saudade, si l’on veut, peut mener à la beauté. Car il n’y a pas de beauté plus authentique que celle qui fleurit lorsque nous redonnons à nos propres sentiments la place qu’ils méritent.
4. CE QUE J’AI APPRIS ET QUE JE N’ABANDONNERAI JAMAIS
Les sentiments ne sont pas un obstacle, mais une force ; ils n’enlèvent rien au professionnalisme, bien au contraire. Et ce, dans tous les domaines. Le fado raconte sans aucune contrainte, il est là pour faire ressortir ce qui marque le plus notre âme. Nous devrions tous avoir notre « fado personnel ». L’expression des sentiments est encore trop stigmatisée par les préjugés. La sensibilité est trop souvent prise pour de la faiblesse. Mais nous sommes fortes, et à tel point que nous pouvons pleurer, nous énerver et tomber amoureuses, sans pour autant sacrifier nos objectifs. Voilà donc mon souhait : que nous, les femmes, prenions conscience de cette réalité et que la société change de regard, petit à petit.