Jeunes, soudées, arborant mille couleurs, elles traversent le monde d’un pas qui est un hymne à la joie de vivre. À travers le langage de la mode, elles partagent la recherche de leur propre identité avec détermination. Leur message ? La vie doit être vécue sans se soucier de ce que pensent les autres, ni de ce qu’ils attendent de nous. Parfois, cela peut signifier être rejetée ou jugée mais au bout du compte, qui vous aime vraiment trouvera le moyen de revenir vers vous. Être soi-même ou ce que les autres attendent ? Le bonheur ne tient souvent qu’à une seule décision.
Être jeune, c’est aussi expérimenter, découvrir, car si l’on ne fait pas de nombreuses découvertes et expériences, on ne sait pas qui l’on est, ce que l’on aime. Alors oui, il faut tout essayer, juste pour savoir comment on est vraiment.
Lorsque je repense à notre rencontre, je les compare volontiers à deux papillons. Jeunes, colorées, elles se déplacent avec une légèreté naturelle, elles sourient, apparemment insouciantes, mais elles ont une capacité extraordinaire à remarquer le moindre détail, à se concentrer sur celui-ci et à l’analyser en temps réel. Les Guesstwins conjuguent à la perfection joie de vivre et détermination sans faille, ce qui prouve qu’il est possible de rester concentrées sur nos objectifs, sans laisser l’envie d’y arriver gâcher notre humeur. Mais où commence leur #sisterhood et sur quoi porte leur projet ? Nous leur avons demandé de nous le raconter.
En quoi consiste Guesstwins ?
« Nous avons débuté il y a quatre ans en tant qu’influenceuses sur Instagram. Aujourd’hui, nous avons plusieurs collaborations et de nombreux projets (encore secrets), mais @GuessTwins reste, principalement, un moyen d’exprimer notre identité et de diffuser notre devise « Soyez vous-même. Ne vous souciez pas du jugement des autres ». Nous avons quitté l’Algérie pour nous installer à Paris juste après avoir obtenu notre baccalauréat. Déjà à l’époque, nous aimions créer des contenus pour les réseaux sociaux et nous étions passionnées par la mode.
Nous faisions beaucoup de photos ensemble, puis nous avons collaboré avec quelques photographes et ensuite nous avons participé à une émission de télévision appelée Beauty Match, qui était en fait un concours de stylisme. Nous avions notre propre style décalé et coloré, et les gens l’ont adoré. Nous avons gagné et à partir de ce moment-là, nous avons commencé à nous occuper à temps plein de création de contenus sur les réseaux sociaux. »
C’est aussi le message que nous essayons de faire passer sur nos réseaux sociaux : ne pas avoir peur du regard des autres. Et oui, nous recevons beaucoup de critiques. Mais vous savez, c’est ce qui vous rend plus fortes.
Parlons #sisterhood : vous êtes jumelles, on aurait tendance à penser que cela constitue un avantage. Est-ce ainsi ?
Elles se regardent, nous regardent et rient. « Waouh. . . notre sororité a vraiment changé, elle change d’année en année. Nous avons connu des hauts et des bas. Par exemple, nous nous détestions quand nous étions petites. Littéralement. Nous avons probablement eu une sorte de traumatisme : pendant 10 ans nous étions identiques, mêmes vêtements, tout pareil. Nous nous regardions dans le miroir et c’était vraiment difficile de dire qui était l’une et qui était l’autre. Ensuite, à l’adolescence tu veux être toi-même, tu veux être unique et n’être rien que toi, tu ne veux pas toujours être deux. Nous avons donc commencé à adopter des styles complètement opposés, non pas parce que nous les aimions, mais simplement pour être différentes. Différents amis, différentes classes, nous ne nous parlions même pas à la maison. Mais bien heureusement, nous ne nous sommes pas détestées toute notre vie, et à un moment donné, nous sommes devenues amies. C’était au lycée, on se lissait toujours les cheveux et le jour où on a décidé de les laisser bouclés, on est devenues amies. » Elles se regardent, rient encore, Sabrina prend les mains de Sarah dans les siennes et continue l’histoire. « Je lui ai dit : joins-toi à moi, joins-toi à moi. Et c’est ainsi que nous avons commencé à porter des cheveux bouclés. » Le reste est sous nos yeux : aujourd’hui, elles jouent sur leur parfaite ressemblance, elles échangent des mots avec le synchronisme que seul le fait de connaître par cœur la personne que l’on à côté peut produire. « Joins-toi à moi » et ainsi, une simple coiffure devient une urgence pour revendiquer son identité, sa singularité. « Joins-toi à moi » parce que je reconnais ton combat, parce que ton combat est le mien, parce qu’ensemble nous pouvons affronter le monde : voilà, en quelques mots simples, le pouvoir de la sororité. Ce n’est pas un don de la bonne fée qui se penche sur notre berceau, mais quelque chose qui se construit pièce par pièce, en surmontant d’abord nos propres préjugés.
Quand nous étions petites, nous nous détestions. Littéralement. Mais bien heureusement, nous ne nous sommes pas détestées toute notre vie, et à un moment donné, nous sommes devenues amies.
Vous avez donc découvert que vous pouviez être amies et, en même temps, continuer à creuser pour découvrir votre individualité. Et comment ce voyage s’est-il poursuivi ?
« À ce moment-là, nous étions complices, nous ne partagions pas encore le même style, mais nous aimions expérimenter ensemble. Oui, nous avons exploré tellement de styles avant de découvrir le nôtre, il y a peut-être deux ans : très coloré, regorgeant d’imprimés, très années 70. C’est comme cela que je le décrirais. Je pense qu’être jeune, c’est aussi expérimenter, découvrir son propre style, car si l’on ne fait pas de nombreuses découvertes et expériences, on ne sait pas qui l’on est, ce que l’on aime. Alors oui, il faut tout essayer, juste pour savoir comment on est vraiment. Nous l’avons fait et nous avons découvert que nous aimons les couleurs, les paillettes et les motifs insolites.
On se sent forte quand on porte exactement ce que l’on veut. À travers nos vêtements et notre style, nous exprimons notre personnalité. Porter son style c’est une déclaration forte, parce qu’on est là et qu’on dit : Je suis comme ça et vous devez m’accepter telle que je suis ou bien vous en aller. En cherchant notre propre style, nous nous sommes trouvées, nous avons trouvé notre propre complicité mais, surtout, nous avons découvert que nous n’avons pas peur de ce que les autres pensent de nous. C’est comme ça qu’il faudrait profiter de la vie : sans se soucier du regard des autres. »
À travers nos vêtements et notre style, nous exprimons notre personnalité. Porter son style c’est une déclaration forte, parce qu’on est là et qu’on dit : Je suis comme ça et vous devez m’accepter telle que je suis ou bien vous en aller.
Vous affranchir du jugement et des attentes des autres est une étape clé de votre parcours. Quel a été le moment le plus délicat ?
« Lorsque nous avons déménagé à Paris et commencé à travailler sur les réseaux sociaux, nous avions à peine plus de 18 ans. Toute notre famille était en Algérie et au début ça n’a pas été facile, toute cette exposition ne cadrait pas avec leur mentalité. En plus, nous étions en pleine phase expérimentale, avec des styles très sexy et féminins, c’était difficile d’avancer parce que toute notre famille nous jugeait et, bon, ils voulaient qu’on arrête. Nous nous sommes retrouvées face à un choix : être nous-mêmes ou faire ce qu’ils attendaient de nous.
Nous avons réalisé que nous ne pouvions pas passer notre vie à cacher notre véritable personnalité dans le seul but d’être acceptées par nos familles. Notre mère nous a soutenues dans tous nos choix, en nous disant : Faites ce que vous voulez. Ne vous souciez pas du jugement des gens. C’est elle qui nous a donné la force d’en arriver là où nous en sommes aujourd’hui. Nous avons donc poursuivi notre projet et, aujourd’hui, notre famille l’accepte, elle voit que nous sommes heureuses et elle est heureuse pour nous. »
Notre famille voulait que nous arrêtions. Nous nous sommes retrouvées face à un choix : être nous-mêmes ou faire ce qu’ils attendaient de nous. Nous avons compris que nous ne pouvions pas vivre notre vie en cachant notre véritable personnalité.
Un projet qui parle de mode, mais qui en réalité raconte une histoire dans laquelle chacune d’entre nous peut se reconnaître : lutter pour son individualité, s’affranchir des attentes de la société qui souvent ne sont pas les nôtres, prendre conscience que notre singularité vaut plus que le jugement des autres. Le tout dans un mélange de couleurs, de plumes, de paillettes et de sequins.
Quel message souhaitez-vous faire passer avec le projet @Guesstwins ?
« Soyez vous-même, ne vivez pas dans une peau qui n’est pas la vôtre juste parce que vous craignez que les gens ne vous aiment pas pour ce que vous êtes. C’est sans aucun doute le message le plus important que nous espérons transmettre à travers ce que nous faisons chaque jour. Et à travers cela, nous souhaitons voir des femmes de plus en plus fortes, qui n’ont plus à avoir peur des hommes, conscientes qu’elles peuvent aimer et porter ce qu’elles veulent, sans craindre d’être agressées, harcelées ou jugées. Des femmes qui peuvent enfin se sentir bien dans leurs baskets. Des femmes qui ont le droit de trouver leur propre identité. »
Soyez vous-même, ne vivez pas dans une peau qui n’est pas la vôtre juste parce que vous craignez que les gens ne vous aiment pas pour ce que vous êtes.
